El camino : Vers Santiago de Compostelle.

Bonjour , cela fait longtemps  que votre blog était sans nouveuaté, cela est dû aux  multiples occupations que j'avais qui ne m'ont pas permis d'écrire quelque chose. Pour le moment  je suis sur le chemin de Santiago de Compostelle, pour participer au 2° congrès mondial de la pastorale des Sanctuaires et des lieux de pèlerinage. Je suis invité aussi à présenter un petit exposé  sur Mont Sion et les projets sociaux. Je voudrais dans ce qui va suivre  vous livrer  cet exposé  quite à vous demander aussi de prier pour moi le jour de l'exposé, ce sera le mercredi à 16H 15.

Votre  Père  Déogratias.

LE SANCTUAIRE COMME LIEU DE CHARITÉ ET DE FRATERNITÉ .

LES PROJETS SOCIAUX

0. Introduction :

Le Sanctuaire de Mont Sion Gikungu est devenu un des lieux de pèlerinage plus important au Burundi et même dans la sous-région des pays des grands lacs. En témoignent les nombreux pèlerins qui viennent des différents coins du Burundi et des pays voisins. L'engagement pour la question sociale plus précisément la charité envers les pauvres et l'engagement pour la question de la paix et de la réconciliation ont été une marque spéciale de ce lieu de pèlerinage. Cela a donné naissance à la fondation Mariya Arafasha qui est une oeuvre sociale avec différents projets sociaux. Permettez-moi de vous relater brièvement le contexte de naissance de ce Sanctuaire et de tous les projets sociaux.

I. Le Sanctuaire de Mont Sion Gikungu dans son contexte

I.1. Son origine

Le Sanctuaire de Mont Sion Gikungu est un des sanctuaires de Schoenstatt présents à travers le monde entier. Son histoire commence depuis 1914 quand le Père Kentenich fondateur de l'oeuvre de Schoenstatt a commencé avec les jeunes séminaristes une aventure avec la Sainte Vierge Marie à travers l'alliance d'amour qu'ils ont scellée¹. Ils demandaient à la Vierge Marie de faire de ce lieu un grand lieu de pèlerinage, un lieu de conversion et de mission apostolique. La spiritualité de l'alliance est le centre de la spiritualité de Schoenstatt. Le premier Sanctuaire de schoenstatt au Burundi fut inauguré en 1964 deux ans après l'indépendance du Burundi. Le Sanctuaire de Mont Sion Gikungu fut inauguré en 1994 exactement une année après l'éclatement de la guerre civile au Burundi. De la part des Pères de Schoenstatt qui ont commencé ce lieu, c'était un grand courage, parce que tout se détruisait autour nous et il nous fallait affronter plusieurs défis: Le défis des réfugiés qui venaient chez nous, le défis de les nourrir et de les protéger, le défis de garder la neutralité dans un contexte de balkanisation de la ville de Bujumbura et de presque tout le pays!

I.2. Le Sanctuaire comme lieu de refuge et de charité pendant la guerre.

Le Sanctuaire de Mont Sion Gikungu fut inauguré pendant la guerre, elle venait presque de commencer, beaucoup de personnes nous demandaient s'il fallait oser un tel pas dans ce contexte, s'il ne fallait pas attendre la fin de la guerre, et donc s'il ne fallait pas quitter le pays en attendant. Les pères qui étaient là ce temps, ils ont pris le courage à deux mains et ont osé commencer cette aventure tout en ayant la foi que Marie allait les accompagner . Elle avait une mission pour le Burundi à travers ce Sanctuaire. Le Sanctuaire étant situé à la périphérie de la ville, ce lieu a été le théâtre de dures combats entre les rebelles et l'armée gouvernementale. Cela a occasionné beaucoup de réfugiés et bien sûr beaucoup de destructions. Beaucoup de personnes voulaient venir au Sanctuaire, je me rappelle d'une vieille femme qui me disait: «  s'il faut que je meurs, je préfère mourir près de la Vierge Marie ». Vite le Sanctuaire s'est converti en un lieu de secours pour les déplacés , ainsi commençait l'oeuvre de charité autour du Sanctuaire. Le plus grand défis que nous avions n'était pas seulement de trouver du pain pour tous ces déplacés, mais aussi de garantir leur sécurité. Cela était le plus difficile parce que, presque une seule ethnie se réfugiait chez nous et nous étions pointés du doigt par les autres particulièrement les militaires comme quoi nous donnions refuge aux rebelles. Je me rappelle qu'une fois j'ai failli être tué moi -même pour être intervenu en faveur de quelqu'un qui habitait chez nous et qu'on allait tuer parce qu'on l'accusait d'être rebelle. Par plusieurs fois nous étions la cible des tirs nourris soit du côté des rebelles soit du coté de l'armée, par deux fois, moi-même j'ai failli y laisser la vie. Je pense que j'ai été préservé pour vous témoigner ce que je suis en train de vous raconter aujourd'hui: Que Dieu est grand, que c'est lui qui tient dans ses mains notre vie et que personne ne peut la ravir; Que Marie est la Reine de la paix et de la réconciliation. Cela est non seulement une conviction de foi pour moi et pour beaucoup de mes compatriotes mais aussi une vérité que nous pouvons témoigner devant vous.

Notre Sanctuaire au lieu de devenir un lieu où tout le monde pouvait se rassembler devenait dans ce contexte un lieu sur lequel on collait un cliché ethnique et donc ne pouvant pas rassembler tout le monde. Notre seul sécour était la Vierge Marie, à elle nous demandions qu'elle change cette situation pour que Mont Sion devienne le lieu de guérison de ce virus ethnique, le lieu de paix et de réconciliation.