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Sanctuaire marial de Schoenstatt Mont Sion Gikungu

TEMOIGNAGE :UN ACTE DE MISERICORDE PAS COMME LES AUTRES A MONT SION GIKUNGU: L’ENTERREMENT DES MORTS « EMPRISONNES» PAR UN HOPITAL

P1000032Je suis enseignant à l’Université Nationale du Rwanda et viens donc peu souvent à Mont Sion Gikungu, en dehors de l’un ou l’autre week-end. Ces temps-ci, je profite des vacances de fin d’année pour participer à la messe du matin et prier au Sanctuaire marial. Mais, ce que j’ai vu ce mercredi 23 décembre 2009 est, à proprement parler, extraordinaire. D’habitude, je rencontrais des chrétiens qui venaient prier et, pour moi, c’était à peu près tout car après, on se séparait, comme après toutes les messes. Mais ce n’était qu’un préjugé de ma part : en réalité, je ne connaissais pas la communauté chrétienne de Mont Sion Gikungu. Et je dois dire, encore une fois, que l’événement auquel j’ai assisté et participé aujourd’hui représente un comportement chrétien des plus exemplaires. Le Père Deo Maruhukiro, Recteur du Sanctuaire marial, avait convié ses chrétiens à une messe de funérailles à l’endroit des morts abandonnés par les leurs dans un des hôpitaux de Bujumbura. Les quatre corps avaient alors été « emprisonnés » par ladite institution pour non paiement des lourdes factures que les familles de ces pauvres disparus ne pouvaient honorer. D’abord, j’ai été séduit par la prière à la fois fervente et recueillie des chrétiens pendant ces obsèques pour quatre inconnus dont ils n’étaient même pas sûrs qu’ils P1010156étaient baptisés. En effet, sur les croix mortuaires étaient inscrits les noms de Kabura, Kaburundi, Nyabenda et Manirishura. Comme on le voit, aucun prénom. Mais pour ces chrétiens dont il est évident pour moi qu’ils sont déjà rendu très loin sur le chemin des progrès spirituels, là n’était point l’essentiel. Ce qui les unissait aux quatre défunts, c’était leur identité d’êtres humains comme eux, sauvés par Jésus-Christ. Etres humains, reflets de l’image de Jésus souffrant et finalement abandonné par les siens. Le prêtre a lu, en effet, l’un des passages les plus pathétiques de l’évangile selon Saint Matthieu. J’en livre seulement un petit extrait : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. » (Mt 25, 34-36) Ce texte s’appliquait, assurément, aux P1010190vivants qui priaient pour les défunts dans la Chapelle eucharistique. Comment penserais-je autrement, moi qui ai été touché par les larmes de ceux qui pleuraient pour des morts inconnus ? Et cela, parce qu’ils portaient en eux une conviction profonde : les disparus étaient leurs frères en Jésus. Personnellement, je me suis senti évangélisé, à un niveau profond, par cette communauté chrétienne du Sanctuaire marial, au point de désirer fortement lui ressembler. « Seigneur Jésus, puisse-tu me donner ne serait-ce qu’un peu de leur foi et je serai sauvé. » « Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Eglise ». Après, j’ai suivi le cortège des véhicules qui accompagnaient ces frères au cimetière de Mpanda. Certains avaient dû solliciter une permission au bureau pour s’acquitter de ce devoir de miséricorde. Arrivés à Mpanda, les chrétiens chantaient. Certains d’entre eux, apparemment non satisfaits de ne pas procéder eux-mêmes à la tâche d’enterrement, ont demandé des pèles pour jeter de la terre sur les cercueils, ultime geste visible d’une fraternité spirituelle avec les défunts. Tout cela se passait dans une atmosphère de louange au Seigneur Jésus. De retour à Mont Sion Gikungu, nous avons procédé à la cérémonie de « Gukaraba » (lavement des mains ou purification) dans la salle polyvalente. C’était là aussi, avant et après les boissons, des chants de louange. Finalement, nous pouvions dire P1010222avec l’apôtre : « Ô mort, où est ta victoire ? ». M. Célestin Sindayihebura, un des principaux organisateurs de ces funérailles, a pris alors la parole pour clôturer la cérémonie en remerciant les participants pour cet acte de fraternité chrétienne. Il émit le souhait de voir dans l’avenir de tels dysfonctionnements sociaux disparaître. Les pauvres, n’ont-ils pas droit, eux aussi, comme cela se passait normalement il y a quelques années, à des funérailles dignes comme pour tous les humains ? Ne fallait-il pas, continuait-il à s’interroger, que les membres de la société, le pouvoir politique, les acteurs sociaux des différents secteurs de la société s’assoient ensemble, pour trouver une solution à ce problème ? Il avait raison. Car, comment, par exemple, continuer à parler de bonne gouvernance, lorsque les pauvres sont emprisonnés à l’hôpital pour incapacité de paiement de leur facture ? Pire encore, lorsque les morts sont « emprisonnés » parce que les leurs, misérables, ont pris la fuite, effarouchés par la lourde facture que même la vente de leur lopin de terre ne suffirait pas à couvrir ? Oui, aimer, c’est aussi penser aux structures sociales qui rendront possible cet amour. La prière et une charité occasionnelle ne sauraient suffire. Il reste que, un tel acte de miséricorde revêt, à la veille de Noël, une importante signification. Le petit Enfant Jésus n’a pas été accueilli par les siens à sa naissance, de famille pauvre qu’il était, hôtels et auberges ne recevant que ceux qui pouvaient payer. Inhumer dans la dignité les quatre frères pauvres, c’était accueillir Marie et Jésus chez nous. C’était traduire dans un acte concret cette invocation qui met fin au livre de l’Apocalypse : « Oh oui, viens, Seigneur Jésus !». L’impression que j’ai gardée de ces instants mémorables, c’est une très grande paix intérieure. Mais aussi, l’intime conviction que j’avais trouvé, à travers cette cérémonie, et par l’intermédiaire de cette communauté de croyants, la confirmation de ma vocation. Elle est simplement d’aimer tous les humains sans aucune distinction, particulièrement ceux qui ressemblent le plus au visage du Christ Souffrant et Abandonné. Concrètement, suivre ces chrétiens comme mes modèles et maîtres et répondre à leur appel à suivre Jésus, à travers de telles œuvres de miséricorde. Oui, aimer pour rendre cette terre plus humaine et donc plus belle. N’ai-je pas vu, vu de mes propres yeux, aujourd’hui, dans le concret, des rayons de cette civilisation de l’amour que notre bien-aimé, le vénérable jean Paul II appelait de tous ses vœux ? Loués soient Jésus-Christ et sa Mère maintenant et pour tous les siècles !

Par  Nicodème Bugwabari
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<br /> Bbirampibaye kumva ibikorwa vyiza biguma bikorwa ku kirimba cu MUVYEYI wacu BIKIRA MARIYA mukomeze inzira mwatanguye ntimucike intenge ,Imana ibane namwe .Ikomeze ibongera muronke ivyo mutanga<br /> nivyo musigarana.Mugire ibihe vyiza ,ni myiteguro myiza y'ikarema.Que Dieu vous benisse!!!<br /> eliane<br /> <br /> <br />
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